Le construction d’un prix juste au sein d’un système agro-alimentaire alternatif : Cas de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif AlterConso
Gestion et management. Université Paris Est - Institut de Recherche en Gestion, 2016.
Marion Maignan, 2018
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Résumé :
Le modèle de production, consommation et distribution agro-industriel fait l’objet depuis les années 1970 de critiques portant sur son impact environnemental, économique et sociétal. En réponse à ces critiques, s’est développée depuis les années 60 au Japon, 80 aux États-Unis, et plus récemment en France, une diversité d’initiatives et d’expérimentations socio-économiques visant à soutenir une agriculture plus respectueuse de l’homme et de la planète, basée sur de nouvelles formes d’organisation et orientée vers des échanges économiques plus justes. Ces initiatives, qualifiées de systèmes agro-alimentaires alternatifs, associent de manière variée des modes production respectueux de la planète (agriculture raisonnée et biologique, agro-écologie, permaculture). Elles s’appuient par ailleurs sur des formes organisationnelles ancrées dans des dynamiques d’économie sociale et solidaire : Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP), circuits-courts, coopératives, commerce équitable local. Ces expériences développent des modèles de gouvernance et d’organisation qui reconsidèrent les finalités et les modalités de l’activité économique et sont animées par une volonté de s’engager dans une « autre économie ». La question de la justice dans l’échange, incarnée par la cherche d’un prix juste, est enjeu central pour ces démarches. Dans ce contexte, la thèse propose d’analyser la construction d’un prix juste au sein d’un système agro-alimentaire alternatif, engagé dans une démarche de commerce équitable local et s’appuyant sur un modèle d’organisation innovant. Ce travail s’appuie sur le suivi, pendant trois ans, de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) Alter-Conso, engagée dans la distribution hebdomadaire de paniers issus de l’agriculture biologique, locale et paysanne dans 14 lieux de l’agglomération lyonnaise. Cette SCIC se caractérise par un projet d’entreprise orienté vers une transformation des modes de production et de consommation alimentaire, et s’appuie sur une démarche ancrée dans les principes et valeurs coopératifs. Elle réunit autour d’un même projet quatre catégories d’acteurs : salariés, producteurs, consommateurs, et sympathisants. Au sein de la coopérative, l’activité marchande est le support d’un projet avant tout sociétal et politique, orienté vers une transformation des pratiques agricoles et des modalités de gestion de l’activité économique. La thèse propose d’analyser comment les acteurs de la coopérative construisent un prix juste, au regard du projet de l’entreprise et de ses modalités d’organisation. La thèse permet de montrer que la construction du prix juste au sein de cette organisation reflète une exigence de justice à la fois procédurale, commutative, et distributive. Ce travail donne également à voir un processus de fixation du prix alternatif au prix de marché, et qui incarne les spécificités d’une organisation coopérative à finalité sociale. La construction du prix juste intègre les finalités et les valeurs de la coopérative, à la fois dans les critères de définition et dans le choix des procédures de fixation du prix. Le prix juste est ainsi construit sur la base d’une discussion et indépendamment des variations de l’offre et de la demande. Il est défini sur la base d’une relation tripartite, durable et compréhensive entre producteurs, salariés et consommateurs de la coopérative, caractérisée par une reconnaissance des besoins réciproques des acteurs concernés par l’échange.