De l’économie sociale à l’économie populaire solidaire via l’économie solidaire. Quelles leçons tirer du social business ?

Économie sociale et solidaire : animation et dynamiques des territoires, Abdourahmane Ndiaye (Ed.) (2011) 85-109

Abdourahmane Ndiaye, Sophie Boutillier, 2011

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Résumé :

L’économie sociale est née en Europe occidentale à la fin du XIXè siècle pour répondre aux maux sociaux et économiques de la révolution industrielle. Elle a été théorisée à partir des travaux des utopistes des siècles passés. Le développement de la production de masse, grâce au pouvoir de la machine à vapeur, provoque la formation d’une immense classe misérable, salariée et urbaine. Les solidarités traditionnelles reposant sur la famille élargie sont remplacées par d’autres formes impulsées par l’émergence du mouvement ouvrier et les logiques de la grande entreprise. Dans ce contexte, l’économie sociale cherche à introduire et à inscrire une gouvernance alternative de l’entreprise qui intègre la problématique de la lutte des classes. La crise du système fordiste entraine une montée sans précédent des inégalités et des exclusions notamment dans les pays d’Europe occidentale et dans les pays en développement à partir du milieu des années soixante-dix. Ce contexte favorise l’émergence d’une nouvelle économie sociale ou économie solidaire, soucieuse d’investir un champ laissé en friche par l’État et délaissé par les entreprises privées capitalistes, le considérant comme non rentable. Tout se passe comme si la crise du système fordiste, engendrait concomitamment la naissance et l’adaptation d’une nouvelle économie sociale. Cette forme économique vise à soutenir des activités répondant aux reconfigurations de l’État-providence et à l’émergence de nouvelles questions sociales. Les activités économiques non régies par la recherche du profit, l’importance de l’enchâssement social de l’économie, les initiatives répondant au « welfare triangle » mettant en tension le marché, la redistribution et la réciprocité, permettent-elles un rapprochement entre économie solidaire et économie populaire solidaire (partie 1) ?

Les « trente glorieuses » et les politiques économiques keynésiennes ont favorisé dans les pays industrialisés le développement d’un capitalisme managérial. Pendant cette période, la pauvreté faisait figure de résidu en voie de disparition. Les pays du Sud devaient suivre le même modèle avec quelques décennies d’écart. La crise des années 1970 (crise de la dette, du pétrole, etc.) remet tout en question, la pauvreté de masse réapparaissant au Nord. Au Sud, l’échec des modèles de développement de l’après indépendance s’avère manifeste.

L’État est en crise au Nord comme au Sud. Dès la fin des années 1970, l’économie solidaire pose ses jalons au Nord, tandis qu’au Sud, des formes nouvelles de financement des activités entrepreneuriales voient le jour parallèlement à l’explosion des activités économiques informelles, solution de survie pour faire face à une précarité matérielle croissante. Mais, au Nord comme au Sud, la croissance économique doit reposer sur le développement de l’initiative individuelle et la créativité (technique et sociale), qu’il convient d’encadrer sur les plans juridique et administratif. De managérial, le capitalisme devient (ou redevient) entrepreneurial. Depuis le début des années 2000, les réformes libérales visent à réduire les barrières administratives en matière de création d’entreprise, mais aussi (tout particulièrement au Sud) à créer un cadre juridique. Celui-ci permet-il d’endiguer l’économie informelle (partie 2) ?

Sources :

Docuemnts de HAL-SHS halshs.archives-ouvertes.fr