L’économie solidaire : réponses à quelques questions concernant une nouvelle gouvernance
Résumé :
La « gouvernance » est un thème politique. Elle a pour enjeu notre société démocratique, fondée sur le partage des responsabilités, la diversité des niveaux de décision, voire la question d’une contribution possible de la société civile dans les processus de décision ou des initiatives qui y conduisent. En ce sens, nous ne voulons pas mettre en cause le système de la démocratie représentative, mais attirer l’attention sur ses insuffisances. Il est impossible désormais d’organiser l’économie de façon satisfaisante et au service de l’intérêt général dans le cadre national ou dans celui d’un pouvoir politique européen. Dans ce contexte, un regard historique permet de reconnaître le rôle sans cesse plus important dévolu à l’entreprise au cours de l’époque industrielle, jusqu’à ce que finalement, sous la forme de l’entreprise multinationale, c’est à elle que revient le véritable pouvoir de décision politique. Cette évolution s’accompagne d’une dynamique propre par laquelle ces groupes mondiaux visent désormais de façon exclusive l’extension de leur pouvoir et le contrôle de toute forme de concurrence – et du coup d’alternatives –, sans considération pour les véritables besoins de l’homme. Non contents de se constituer comme des États dans l’État, ces groupes excluent par leur poids même toute forme de mécanisme démocratique. Pour les ramener à leur fonction et leur efficacité premières et pour entrer véritablement dans l’époque de la société de la connaissance, il importe de substituer le concept de territoire à cet artéfact de l’entreprise. En effet, une société moderne doit placer son territoire et son environnement, en tant que fondements de sa production de biens et de services, au centre de l’activité économique, de façon à faire droit aux véritables besoins humains.