Le travail et l’utopie. Analyse du travail dans les théories de Sismondi, Fourier, Proudhon, Marx, Engels, Godin et Lafargue
XIe Rencontres du RIUESS - Poitiers - 15/17 juin 2011
Sophie Boutillier, Abdourahmane Ndiaye, Nathalie Ferreira, juin 2011
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Résumé :
Les penseurs actuels de l’ESS se sont référés implicitement ou explicitement aux auteurs pionniers. L’objectif de cette contribution est de montrer à partir des travaux de quelques auteurs utopistes clés quels ont été les projets de transformations sociales, et quelle était pour eux la place que devait tenir le travail, en nombre d’heures, mais aussi de répartition des tâches entre les individus d’une manière générale. Quels sont les enseignements que l’on pourrait en tirer aujourd’hui dans un contexte de remise en cause de la loi sur les 35 heures ?
En revenant sur les analyses de ces auteurs pionniers, quelles idées utiles à la réflexion au regard de la situation contemporaine peut-on en prélever ?
Dans un premier temps, notre objectif est de retracer dans ses grandes lignes l’histoire du travail en tant que concept dans la pensée économique afin de replacer les économistes utopistes que nous avons évoqués plus haut dans une dynamique historique et de montrer l’évolution de la place du travail à partir de la révolution industrielle, en d’autres termes de la fin du XVIIIe siècle, période à partir de laquelle l’économie politique s’institutionnalise en tant que discipline scientifique à part entière en soustrayant des champs de la morale ou de la philosophie. Dans la deuxième partie, nous présenterons les analyses de Sismondi et de Godin qui pour l’une se place sous la protection de l’État, sans remettre en question l’ordre
capitaliste établi, et pour l’autre qui cherche à humaniser l’entreprise. Dans la troisième partie, nous nous focaliserons sur les travaux de Fourier et de Proudhon, qui prônent l’un et l’autre le modèle associatif pour remplacer l’organisation capitaliste, tout en cherchant à préserver les libertés individuelles. Dans la quatrième partie, nous conclurons par les thèses de Marx et Engels d’une part, de Lafargue, d’autre part. Les premiers imaginent une société entièrement nouvelle, le communisme, où à l’image du modèle de Fourier, les individus auront la possibilité de vivre selon leurs goûts et leurs capacités. Le second s’inscrit dans le même schéma d’analyse, il condamne avec force une société qui repose sur la servitude volontaire.
En dépit de leurs différences, ces analyses ont un point en commun : la réduction du temps de travail et le travail obligatoire pour tous.