Pour une resocialisation de l’argent

XVIe Rencontres Inter-univiversitaires de l’Economie Sociale et Solidaire - RIUESS - Montpellier, 25.27 mai 2016

Resumo :

Cette intervention s’oriente vers l’étude d’un fait social total qui fait particulièrement aujourd’hui l’objet de tentatives de réappropriation à l’échelle locale: l’argent. Institution phare du capitalisme, la monnaie constitue, dans la tradition marxiste, un instrument de domination. En vertu du matérialisme historique, il participe du mouvement des rapports marchands qui, eux-mêmes, tendent à modeler les rapports sociaux. Pourtant, certaines expérimentations économiques ont tendance à démontrer, de par leur existence même, à quel point l’argent est susceptible d’être domestiqué1, à condition d’en redéfinir le cadresocial. Ainsi assiste-t-on à un développement croissant d’initiatives locales d’ordre monétaire se présentant explicitement comme des tentatives de remise en cause de certains processus du phénomène capitaliste. Certaines de ces initiatives, aussi diverses soient-elles, s’inscrivent pleinement dans le cadre de l’économie sociale et solidaire. Elles font effectivement l’objet d’un autre type de répartition, décidé démocratiquement et souvent au sein d’un cadre géographique déterminé. Ces initiatives visentà se réapproprier l’argent pour en faire un outil proprement social. Nous choisissons ici d’en proposer deux exemples: les systèmes d’échange local et les monnaies locales. A traversces deux expériences qui se présentent au premier regard comme antiéconomiques, il s’agit de constater le renouveau d’une volonté de domestication de la monnaie, avec, à l’appui, la possibilité d’y déceler des héritages théoriques anciens.Mais si ces initiatives citoyennes cherchent à se constituer comme des mouvements anticapitalistes, leur impact économique demeure limité et leur fonctionnement, en fonction des cas, ne s’avère pas toujours optimal.